La coopération vue d’un rectorat (2005-2011)

Quitter l’Éducation nationale pour les Affaires étrangères constitue un grand saut dans l’inconnu : un nouveau métier, une nouvelle mission pour une nouvelle administration dans un pays étranger. Mais après huit ans en Allemagne et en Grèce le retour dans l’Éducation nationale ne fut pas un saut plus facile. D’une part comment redevenir professeur quand on a eu pareilles responsabilités dans les ambassades, comment retrouver sa place en France ? C’était d’autant moins facile que l’accompagnement pour le retour était très léger, il ne proposait qu’un retour à la case départ sans aucune prise en compte de l’expérience acquise. Si on file la métaphore du saut on peut poursuivre en précisant qu’il faut se débrouiller pour trouver son parachute et retomber sans casse sur ses pieds.
Quittant Athènes fin août 2005, je réussis d’abord à obtenir mon affectation administrative sur l’académie de Toulouse.

La carte de l’académie de Toulouse

Mais je n’y avais pas de poste fixe et c’est l’amitié de ma collègue de Düsseldorf en 1997, Marie-Claude Farison, qui me permit d’atterrir comme chargé de mission dans son service, la DAAC. La Délégation Académique aux Affaires Culturelles accompagne les enseignants et les établissements pour des projets favorisant la promotion et l’éducation aux faits culturels : théâtre, musique, cinéma, arts plastiques. Cela impliquait la prise en compte des arts vivants mais aussi des institutions muséales. Je fus un adjoint au chef de ce service de cinq personnes pendant un an. Le temps de reprendre pied dans la région et de comprendre le fonctionnement du rectorat. Car l’enseignant dans sa classe, même curieux ne mesure quelle est cette administration au-dessus de lui. Complexe, lourde et malgré tout efficace !

Le poste de Délégué Académique à la Coopération Européenne et internationale se libérant je postulais à la rentrée 2006. Le recteur Christian Merlin me confia cette charge que je conservais avec son successeur le recteur Olivier Dugrip. Conseiller technique du recteur, j’étais très proche de son cabinet et travaillais directement sous son autorité. Avec un bureau, une assistante et beaucoup de marge de manœuvre, je pus me consacrer à une tâche ample et complexe, celle d’incitateur permanent à l’ouverture de l’Académie de Toulouse sur le monde. Tâche d’autant plus complexe que cette académie s’étend sur huit départements des Pyrénées au Massif central.

Huit départements

L’ouverture européenne et internationale Académie de Toulouse (présentation du 12 février 2011).

Un vaste territoire peu peuplé : 45 000 km², 2,9 millions d’habitants en 2012, soit 65 hab/km², d’une grande diversité géographique et culturelle.

Une académie de poids

Les objectifs concrets de l’action du DAREIC :

  • que chaque élève soit en mesure de pouvoir bénéficier, au moins une fois dans sa scolarité, d’une exposition prolongée à une langue et à une culture autres dans un pays européen ou étranger et ce dans le cadre d’un projet éducatif,
  • que chaque établissement secondaire, au même titre que les jumelages entre villes, soit associé à un établissement européen ou étranger (projets d’appariements).

Il faut rappeler que l’ouverture européenne et internationale de l’académie n’est pas anecdotique car

  • elle traverse le socle commun de compétences,
  • elle concerne les élèves, les jeunes en formation professionnelle, les étudiants, mais aussi les enseignants,
  • elle vaut pour tout le territoire.

C’est une action transversale

  • inscrite dans le projet académique et dans les projets d’établissements, elle implique toutes les disciplines,
  • avec les actions d’ouverture culturelle, le développement de la culture humaniste, elle vise à réduire les inégalités dans la formation des jeunes,
  • avec l’ouverture interculturelle, elle a aussi une dimension citoyenne.

Une action qui implique tous les partenaires du projet éducatif :

  • les élèves, les étudiants et leurs parents,
  • les institutions scolaires, de formation professionnelle et universitaires,
  • les collectivités territoriales,
  • les milieux économiques,
  • les institutions européennes.
Formation eTwinning avec Marc Laborde (2009)

Pour passer de la mobilité virtuelle -à la mobilité réelle, il nous faut :

  • développer l’usage du réseau eTwinning, 2eme rang national avec plus de 494 inscriptions et 113projets en partenariat,
  • consolider les dispositifs de visioconférences du premier au second degré (ENT et ENR),
  • s’inscrire dans les partenariats que l’académie a noués afin d’assurer les mobilités d’élèves et des équipes pédagogiques,
  • consolider les appariements en relation avec les collectivités territoriales (530 appariements sont enregistrés).
Les appariements avec les établissements étrangers

Quelle mobilité pour les élèves ?

  • Mobilités individuelles scolaires (avec l’Allemagne, les programmes Sauzay-70- et Voltaire -10- de l’OFAJ et Comenius individuel) en formation initiale (Leonardo),
  • Mobilités collectives : sur programmes académiques –appariements et accords bilatéraux (OFAJ, Aragon, Catalogne, Norfolk, Connecticut) et sur programmes européens (partenariats Comenius).

Mobilité des enseignants et -des cadres dans notre académie

  • mise en place du programme Jules Verne : 4 enseignants pour une année scolaire à l’étranger,
  • premier degré : plus de 170 bourses sur financement communautaire et quinze missions sur financement bilatéral,
  • second degré : 10 visites d’études (Comenius sous utilisé ), 60 missions académiques.

Les formes de l’action du DAREIC

Pendant cinq ans j’ai parcouru ce vaste territoire et les pays partenaires pour :

  • former et accompagner les enseignants dans leurs projets d’ouverture européenne et internationale,
  • former les cadres du système éducatif et surtout les convaincre du bien fondé de ces actions qui peuvent paraître éloignées du coeur du métier (la préparation des brevets, du baccalauréat, la lutte contre l’échec scolaire, pour l’inclusion, etc.),
  • entretenir et développer des partenariats hors de France, trouver des financements.

Chaque année il fallait gérer

  • l’accueil et la distribution des assistants de langue avec les corps d’inspection,
  • accompagner les élèves et leurs parents pour le programme Sauzay,
  • assurer le développement de eTwinning qui fut repris par le CRDP aujourd’hui Reseau Canopé.

L’action s’inscrivait dans le cadre des missions déléguées par la Direction des relations européennes et internationales du ministère de l’Éducation nationale aux académies. Nous avions des échanges entre DAREIC et avec la DREIC mais étions assez isolés avec des moyens disparates laissés au bon vouloir de nos recteurs.

Le recteur Dugrip avec les représentants de la Ville de Toulouse et de la région Midi-Pyrénées à propos de coopération européenne.

Du fait de nos bonnes relations à Toulouse je représentais le recteur aussi bien pour la coordination des homologations et du baccalauréat des établissements de l’AEFE en Espagne et au Portugal que pour toutes les manifestations officielles des corps consulaires à Toulouse. Le recteur, chancelier des universités, me laissait aussi le soin de tenter de coordonner l’action des universités en matière de coopération (avec l’Espagne, la Chine ou la Malaisie ou la Tunisie). Nous fîmes ensemble des missions à Madrid, Tolède, Barcelone et Saragosse et ainsi je ne perdis pas le lien avec nos ambassades, ni avec nos services culturels ni avec les instituts français.

Rencontres universitaires franco-tunisienne avec le consul général Sélim Hammami
Pierre Cohen, maire de Toulouse et le consulat des Etats-Unis
Coopération avec la Catalogne : M. Baglan, Inspecteur d’Académie de la Haute-Garonne et le chef de la délégation catalane