Ahmed Hajoubi

Ahmed Hajoubi – D’un rêve à l’autre (2012)

Ahmed Hajoubi

Né dans le désert Ahmed Hajoubi peint des petits bateaux, né dans un univers rude, il dépasse la trace des cicatrices pour construire un univers onirique apaisé :
« Cicatrice des villes est un thème qui me tient particulièrement à cœur car il traduit certaines de mes émotions passées, des souvenirs qui ont marqué mon enfance aventurière et errante dans les ruelles de Guercif ma ville natale ». Voir sa biographie.

Introduction au catalogue de l’exposition :

Ahmed Hajoubi et l’étonnement, Alexandre Pajon

« L’étonnement est ce qui, toujours, pousse les hommes à philosopher ».

Aristote, Métaphysique, 982 b 11.

A philosopher mais sûrement aussi à peindre, du moins l’œuvre d’Ahmed Hajoubi contribue-t-elle à nous en convaincre.
Ses toiles et installations relèvent de cette sensation originelle, remontant à notre enfance, quand nous étions saisis, surpris, incapables de mettre un mot sur un objet ou une sensation et que nous posions la question essentielle : « Mais qu’est-ce que c’est ? »
A ce moment précis la question n’a pas encore d’objet. Il y a là ce qui nous trouble et nous interroge mais qui ne se dit pas encore. Expérience d’avant le langage, d’avant toute médiation.

Sensation d’étonnement ici redoublée par le fait que l’œuvre d’Hajoubi est elle même construite autour de figures sciemment enfantines et déconcertantes. Mais ces traits sont d’une fausse ingénuité. L’artiste, pour le coup, est à la fois le Candide, le Huron ou encore le Persan qui nous déporte et nous contraint à voir notre environnement comme étrange(r).

L’institut français de Tanger est heureux de pouvoir accompagner au fil des ans l’affirmation du talent d’un jeune artiste déterminé à creuser son sillon sans se disperser, même s’il passe de la peinture au dessin, de la gravure à l’installation.

La philosophie tente de construire une syntaxe du monde à partir de l’étonnement, la peinture d’Hajoubi renouvelle, pour sa part, un enchantement primordial. Le peintre est le voyant et son mage omniprésent dans ses oeuvres, même sans regard, est le passeur vers ce que Yves Bonnefoy a appelé « l’arrière-pays ». Qu’il soit défini par un ailleurs métaphysique ou par le rêve, ce domaine cher au poète est celui où nous conduit Ahmed Hajoubi.

Et puis :

« Nous rions, rions
jusqu’à ce que nos yeux déversent leur plein de larmes
que les larmes deviennent mer
que les larmes nous entraînent vers le fond »

Abdelkrim Tabal, « Le bonheur »,
extrait tiré de La Poésie marocaine, Abdellatif Laabi, ed. La Différence, Paris, 2005, p. 245.

Voir aussi le texte de Louis d’Hauterives

Couverture du catalogue Hajoubi
4eme de couverture Hajoubi
Le catalogue Hajoubi